Retraite de base : la douche froide

La loi du 20 janvier 2014, portant une n-ième réforme sur les retraites, a notamment organisé le report de la revalorisation des pensions de base. Traditionnellement réévaluées au 1er avril de chaque année, celles-ci ne le seront désormais qu'au 1er octobre, soit 6 mois de perdus pour les retraités. La mesure est applicable dès cette année, et les retraites de base n'ont donc pas augmenté au 1er avril 2014. Seuls les minimums vieillesse, les pensions d'invalidité civiles et militaires sont épargnées et conservent une revalorisation en ouverture de second trimestre.

L'impact de cette mesure est loin d'être négligeable. Pour un retraité percevant une pension de base de 1500 €, et en prenant l'hypothèse d'un taux d'inflation à 1,3 %, la perte s'élèvera à 117 € en 2014, à  119 € en 2015 et à 120 € en 2016. Pour une pension de base de 1 000 €, le manque à gagner atteint 237 € sur 3 ans.

Un gel envisagé jusqu'en 2015 !

Le premier ministre a annoncé, le 16 avril dernier, un gel des retraites de base (à l'exception des minimums vieillesse) jusqu'en octobre 2015. Le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2014 en discussion à partir du 30 juin reprend cette annonce, sauf pour les retraités très modestes. Les autres, en revanche, vont subir un "zéro augmentation" sur la totalité de leur pension jusqu'en octobre 2015. Pendant qu'électricité, gaz, carburant, mutuelles et autres composantes du coût de la vie continueront de s'inscrire en hausse sur les factures.

Complémentaires : au moins 3 ans de vaches maigres

Dans le cadre de l'accord national interprofessionnel, signé par les partenaires sociaux le 13 mars 2013, une série de mesures a été prise pour tenter de résorber le déficit des régimes Arrco et Agirc. En particulier, l'évolution des points de retraite Arrco et Agirc doit être minorée de 1 point, par rapport à l'inflation, en 2014 et en 2015. Elle ne peut cependant atteindre de valeur négative et provoquer une diminution des retraites complémentaires.

Au 1er avril 2014, avec une inflation prévue à 1,3 % par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 (PLFSS), les points Arrco et Agirc auraient normalement dû augmenter de 0,3 % (1,3 - 1).

Or l'Arrco et l'Agirc ont considéré que, l'inflation ayant moins progressé que prévu, en 2013 (0,74 % réalisé contre 1,75 % estimé), leurs affiliés ont bénéficié cette année là d'une revalorisation indue. Laquelle était pourtant réduite à la portion très congrue : 0,8 % pour le point Arrco, soit le niveau de l'inflation effective, et un pouvoir d'achat tout juste conservé. Et 0,5 % pour le point Agirc, en dessous de l'inflation, ce qui signifie une perte de pouvoir d'achat.

Néanmoins l'organisme a invoqué cet "excès de générosité" pour geler les points en 2014 (voir les communiqués Arrco et Agirc). Leur valeur reste donc fixée, comme en 2013, à 1,2513 € (Arrco) et 0,4352 € (Agirc). Autrement dit : les affiliés aux deux régimes, anciens salariés et cadres du privé, verront leur pouvoir d'achat baisser en 2014. Ainsi qu'en 2015, dans des proportions qui restent à déterminer.